Publication : Microvascular Inflammation of Kidney Allografts and Clinical Outcomes
L’inflammation microvasculaire est un phénotype complexe et insuffisamment caractérisé en transplantation rénale, pouvant se manifester dans des contextes cliniques variés, ce qui rend la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients particulièrement complexe.
La classification de Banff a introduit en 2022 deux nouvelles catégories diagnostiques afin de mieux prendre en compte la diversité de ces lésions d’inflammation microvasculaire : 1) l’inflammation microvasculaire, sans DSA ni dépôt de C4d (MVI DSA- C4d-), et 2) le rejet humoral probable, caractérisé par la présence de DSA sans dépôt de C4d.
Dans une vaste étude internationale incluant plus de 16 000 biopsies réalisées chez 7000 patients transplantés rénaux dans une trentaine de centres de référence en Europe et en Amérique du Nord, les chercheurs ont étudié ces phénotypes d’inflammation microvasculaire et leur impact sur la progression des lésions et la survie à long terme des greffons rénaux.
L’étude montre que ces phénotypes sont associés à des pronostics distincts. Les patients avec un phénotype d’inflammation microvasculaire DSA- C4d- ont un risque accru de perte du greffon, en comparaison aux patients sans rejet. De plus, les patients présentant l’un de ces phénotypes d’inflammation microvasculaire ont un risque plus élevé de développer des lésions de glomérulopathie d’allogreffe, en comparaison aux patients sans inflammation microvasculaire.
Ces résultats démontrent que l’utilisation de cette nouvelle classification permettra une meilleure stratification du risque chez les patients transplantés rénaux. Cette avancée ouvre la voie à une prise en charge optimisée des patients et à la standardisation des futurs essais cliniques visant à élucider les mécanismes immunologiques sous-jacents et à développer des stratégies thérapeutiques personnalisées.
Publiée dans le New England Journal of Medicine, cette étude souligne également l’importance de projets collaboratifs internationaux pour favoriser l’innovation dans la prise en charge des patients transplantés, alors que l’amélioration de la survie des greffons est essentielle pour relever le défi de la pénurie d’organes. Ces résultats ouvrent des perspectives dans d’autres types de greffes, comme les greffes cardiaques et pulmonaires, où des mécanismes similaires de rejet sont impliqués.
Aurélie Sannier
Pour l’Institut de Transplantation et de Régénération d’Organes de Paris (PITOR)